15

LES ADIEUX

Cari ? »

L’adolescent se retourna. Celui qui l’avait hélé ainsi n’était autre que le docteur Spencer, chef du département scientifique. Posté à la porte de son bureau, il lui fit signe d’approcher.

Ils se serrèrent la main. « Ta mère souhaiterait que nous ayons une petite conversation. Elle m’a confié que tu avais toujours l’intention de partir étudier sur Terre. Est-ce exact ?

— Oui.

— Dans ce cas, il serait bon que nous en fixions les modalités. Entre. » L’aréologue, colosse aux cheveux grisonnants, lui offrit une chaise devant sa grande table noyée sous des monceaux de documents. « Oui, la paperasserie fait malheureusement partie du travail scientifique. Si tu te demandais où passaient toutes les rames de feuilles produites à l’atelier, te voilà renseigné.

— En effet », bredouilla Cari en lorgnant sur les listes, formulaires et imprimés divers. Il ne savait toujours pas très bien ce que le docteur Spencer attendait de lui.

Celui-ci prit place dans son fauteuil et le jaugea du regard. « Alors, jeune homme, quels cours suis-tu actuellement ?

— Ceux de l’école de Sydney. Niveau supérieur. Sauf en histoire, je pense avoir réalisé de bons scores aux tests.

— Sydney, mmh. Et pourquoi pas Londres, si je puis me permettre ?

— Sydney est plus à la pointe en sciences naturelles. Par ailleurs, je trouve la méthodologie londonienne passablement démodée.

— Ah, oui. Les critiques en ce sens se multiplient ces derniers temps, acquiesça le docteur Spencer, songeur. J’ai moi-même fréquenté cette vénérable institution autrefois, et je t’avouerai qu’il m’est aussi arrivé de déplorer son manque de curiosité à l’égard des nouvelles tendances. Quoi qu’il en soit, tu n’es pas sans savoir que les sciences naturelles se prêtent mal à l’enseignement à distance. Pour le volet pratique, du moins. Tu dois donc réfléchir à l’université que tu aimerais rejoindre. Tu as… quel âge, au fait ?

— Quinze ans. Terrestres s’entend. Je fêterai mon seizième anniversaire deux semaines après notre arrivée.

— Parfait. En tablant sur une année d’acclimatation maximum, tu seras en pleine forme pour le premier semestre. Le timing me paraît idéal. Ta mère a-t-elle déjà décidé de l’endroit où vous allez vous installer ? En Irlande peut-être ? »

Cari secoua la tête. « Non, nous n’avons plus aucun parent là-bas depuis des siècles. La famille de mon père vit en Amérique, au nord de la côte est, et celle de ma mère dans la région de Melbourne.

— Encore l’Australie, hein ? Eh bien, la faculté de Melbourne jouit d’une excellente réputation. Et si les cours dispensés par Sydney te plaisent, le style de la recherche australienne te plaira sans doute aussi. Oui, ce pourrait être judicieux. »

Ils débattirent ainsi un long moment, passant en revue différentes options telles que l’éminent centre astronautique de Bangalore, en Inde, ou l’institut de planétologie de New Los Angeles. Cari, sur des charbons ardents, finit par lâcher ce qu’il avait sur le cœur : « Docteur Spencer, ai-je vraiment le choix ? Ne vaudrait-il pas mieux d’abord se demander quelles universités accepteraient de m’accueillir ? »

Le scientifique se carra dans son siège, sourire au coin des yeux. « Toutes, bien sûr. Ne serait-ce que pour se targuer d’avoir entre leurs murs le premier être humain né sur Mars. Toi et tes amis n’en avez pas conscience, mais vous faites sur Terre figure de célébrités.

— Ah bon ?

— Je le tiens de mes petits-enfants. Ils rêveraient d’être à votre place. Des millions de téléspectateurs regardent des émissions sur la vie de notre belle cité. Et la décision prise par les autorités de stopper le projet Mars a soulevé une vague de protestations phénoménale. »

Cari cligna des paupières, ébahi. « Même si cela permet d’économiser plusieurs milliards ?

— Ces prétendues économies ne sont que de la poudre aux yeux, grogna le docteur Spencer. La vérité, c’est que personne ne veut de cette station. Le gouvernement actuel est gangrené par les sympathisants d’un courant politique en pleine expansion, baptisé « Mouvement d’aide au retour ». Ses partisans estiment que la place de l’homme est sur Terre et que la conquête spatiale est un combat d’arrière-garde. Selon eux, l’univers ayant livré tous ses secrets, rien ne sert d’en poursuivre l’exploration. Les plus fanatiques vont jusqu’à prôner le démontage du télescope implanté sur la face cachée de la Lune. J’espère sincèrement qu’on n’en arrivera jamais là. »

Cari le dévisageait, bouche bée. La conversation qu’il avait surprise avec Elinn lui revint en mémoire. Dans son courriel vidéo, Bjornstadt avait tenu à Pigrato des propos extrêmement proches des travers dénoncés par le scientifique. C’était donc vrai : l’argument du gouffre financier n’était qu’un prétexte mensonger.

« Bien. Prends le temps de réfléchir à tout cela. Tu n’as pas à t’inquiéter. Si tu réussis tes examens, ce dont je ne doute pas, toutes les portes te seront ouvertes.

— Y compris celle de l’espace ?

— C’est à voir, fit le docteur Spencer, prudent. Cela dépendra beaucoup de l’évolution politique. Ah ! avant que j’oublie…» Il ouvrit un tiroir, y prit un objet plat enveloppé dans un tissu gris et le déballa sur la table. « Je suppose que tu sais ce que c’est ? »

Cari acquiesça avec angoisse. C’était l’un des artefacts d’Elinn, parmi les plus petits de sa collection. Palet argenté, incrusté de mouchetures noires semblables aux caractères d’une langue inconnue.

« Ta sœur est allée montrer ça au docteur Irving – j’ignore d’ailleurs comment elle a su que le docteur Irving était linguiste. Toujours est-il qu’elle lui a soutenu le plus sérieusement du monde que ces taches étaient des espèces de hiéroglyphes gravés par les Martiens et qu’il était de notre devoir de les déchiffrer. » Le scientifique secoua la tête. « Il faut que tu lui sortes ces sornettes de la tête, Cari. Elle a passé l’âge. J’avoue qu’il est troublant qu’elle soit la seule à dénicher ces pierres (il prit le fragment et le retourna dans sa main, jetant ainsi des éclats nacrés à la lumière du plafonnier), mais les analyses sont formelles : ce n’est que du silicium impur. Probablement d’origine volcanique, comme toutes les roches de la région, et vieux de plusieurs millions d’années.

— Je lui ai déjà fait la leçon une bonne dizaine de fois, se défendit Cari. Maintenant, dès que j’aborde le sujet, elle se bouche les oreilles. Il vaudrait peut-être mieux que quelqu’un d’autre lui parle. »

Le docteur Spencer réfléchit un instant. « Oui, tu as raison, opina-t-il en remballant l’artefact. Madame Irving s’en chargera. »

r

« Tu sais que nous sommes des célébrités sur Terre ? » s’exclama Ariana.

Elinn écarquilla les yeux. « Non ? »

Les deux adolescentes s’étaient retranchées dans la chambre d’Ariana. Les murs s’ornaient d’une galerie de photos dont elle avait elle-même confectionné les cadres, des étoffes bariolées étaient artistiquement drapées autour des luminaires, les étagères regorgeaient de bibelots, le lit de coussins et de tentures. Quiconque connaissait Ariana n’aurait jamais imaginé que ce nid douillet, presque romantique, pût être le sien. Il est vrai qu’elle n’y laissait entrer personne, ne tolérant aucun intrus dans ce qu’elle considérait comme son royaume privé.

Elinn était l’unique exception. Il est des choses auxquelles seules les filles attachent de l’importance, aussi les partageaient-elles en duo, faute de candidates supplémentaires.

« Je suis allée fureter dans les banques de données, y compris terrestres, et regarde ce que j’ai dégoté. Attends…» Ariana s’empara de l’appareil qu’elle utilisait habituellement pour visionner des livres. Elle fit défiler les articles qu’elle avait enregistrés et finit par trouver celui qu’elle cherchait. Les enfants de Mars contraints de dire adieu à leur planète. Quatre clichés les représentant venaient appuyer le titre en caractères gras. « Dingue, non ? Le papier a circulé sur tous les réseaux d’information. Il a même été traduit en russe et en espagnol.

— Ces photos ne datent pas d’hier. On a l’air de bébés là-dessus », marmonna Elinn en survolant le texte.

Ariana haussa les épaules. « On devrait peut-être leur en envoyer de plus récentes. Pour ce qui est du contenu, ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais il faut croire que ça passionne les foules. Vise un peu le nombre de courriels que j’ai reçus…» Elle éjecta le disque et en introduisit un autre. « Mon père a dit qu’au début on irait s’installer au Texas ou en Arizona. Du coup, j’ai écrit à quelques écoles du coin, qui se sont empressées de mettre ma prose en ligne. Depuis, je croule sous le courrier.

— Eh ben, dis donc… souffla Elinn après avoir lu le premier message. Ils t’appellent la belle Martienne !

— Sympa, non ? Honnêtement, j’ai hâte de me retrouver dans une école normale. Ça doit être génial de rencontrer plein de gens de son âge. Des garçons surtout. Parce qu’il faut bien admettre qu’entre nous quatre c’est loin d’être torride. »

Elinn acquiesça, même si l’intérêt d’Ariana pour le sexe opposé la dépassait encore très largement. Elle leva les yeux. « Au Texas ? Nous, on ira probablement à Melbourne. C’est dommage, on ne se verra pratiquement plus.

— Pourquoi ? C’est si éloigné que ça ? » La géographie n’avait jamais été son fort.

« L’Amérique, l’Australie… C’est comme si tu vivais ici et moi sur Malea Planum. Quand il fera jour chez toi, il fera nuit chez moi. » Elinn lâcha l’appareil avec découragement. « Je ne veux pas partir. Je ne veux pas. »

Ariana la serra affectueusement dans ses bras. Elinn était parfois une petite sœur pour elle – comme en ce moment. « Ça ne m’enchante pas non plus, tu sais. Je suis terrifiée à l’idée d’abandonner notre planète, de laisser sombrer dans le froid et l’oubli tout ce que nous y avons construit. Et je redoute l’existence que nous aurons là-bas. Je me vois, jusqu’à la fin de mes jours, lestée d’un poids équivalent à celui de la combinaison de la salle de sport. J’imagine le bruit, la chaleur… Je me débrouillerai sûrement, mais je doute que cette vie me plaise jamais autant que celle que nous avions. » Elle soupira. « D’un autre côté, nous ne pouvons plus continuer comme avant.

— Pourquoi pas ? murmura Elinn d’une voix à peine audible.

— Parce que nous vivotons au jour le jour en vase clos. La plupart des gens sont sympas, mais on en a fait le tour. On n’a pas vu de nouvelles têtes depuis des années – sauf celle de Pigrato, tu parles d’un cadeau ! Il ne se passe rien ici.

— Que voudrais-tu qu’il se passe ?

— Par exemple, j’aimerais bien moi aussi avoir un petit copain. Un amoureux, quoi. C’est normal, non ? Qui n’en a pas envie ? Mais tu crois vraiment que le prince charmant va me tomber du ciel ? »

Elinn la fixait d’un œil éberlué. Un pâle sourire frisa à la commissure de ses lèvres. « Lorsque j’étais gamine, je pensais que Cari et toi finiriez par vous marier, confessa-t-elle.

— Oh là ! fit Ariana, gagnée par son sourire. Je n’ai rien contre Cari, c’est un mec plutôt cool, mais je le connais depuis que je suis née ou presque. Il est comme mon frère, tu sais. Il y a plus excitant ! »

À son corps défendant, Elinn sentit l’hilarité prendre le pas sur sa mélancolie. « Je me suis toujours demandé, pouffa-t-elle, à quoi ressembleraient vos enfants…»

Le docteur Dejones, qui venait de rentrer, s’étonna des rires hystériques qui s’échappaient de la chambre de sa fille. Au bout d’un moment, il regarda sa montre. Qui diable pouvait s’esclaffer aussi fort et aussi longtemps sans s’évanouir ?

r

Ce soir-là, une heure environ avant le coucher du soleil, Elinn pénétra dans l’antichambre du sas où était rangée sa combinaison. Elle la dégrafa, l’enfila et activa l’interphone qui la reliait à IA-20.

« Je sors une minute. Inutile de convoquer la presse.

— Cela dépend de ce que tu as l’intention de faire et de l’endroit où tu vas, lui répondit la voix synthétique.

— Je fais juste un saut sur la montagne.

— Tu veux dire sur la butte située à l’extrémité de la chaîne vallonnée qui cerne la station supérieure et les serres agricoles ?

— Si tu préfères. J’aimerais aller m’y asseoir pour méditer un peu.

— Entendu. »

Elinn coiffa son casque, entra dans le sas et se glissa à l’extérieur comme elle l’avait fait si souvent – pour combien de temps encore ? Elle contempla les traces que ses bottes laissaient derrière elle. Les empreintes des premiers astronautes qui avaient posé le pied sur la Lune restaient visibles, bien que presque cent vingt années se fussent écoulées depuis cet événement. Sur Mars, les choses seraient différentes. Les tempêtes qui se déchaînaient à la mi-saison auraient très vite raison de ces anciens vestiges.

Elle marcha vers le « kobold », un bloc rocheux qui, au bord de l’esplanade, évoquait par son profil insolite un gardien bossu. C’est sur ce terrain de jeux qu’Elinn et ses amis avaient passé leur enfance, bâtissant des châteaux de sable ou organisant des concours de lancer de cailloux dont Ariana sortait invariablement victorieuse. Un jour, elle avait même tranché le nez de leur fidèle sentinelle alors que, ciseau et marteau en main, elle s’essayait à la sculpture.

La « montagne » correspondait quant à elle au point culminant des collines qui, tel un rempart, ceignaient la cité et ses alentours. Elinn la gravit d’un pas léger et sautillant. Ici aussi, ils avaient beaucoup joué, mimant expéditions, attaques de Martiens, atterrissages sur les planètes d’Alpha du Centaure. Un après-midi, dans le feu de l’action, Ronny avait entaillé sa combinaison. Ils l’avaient ramené au sas hurlant de douleur et de peur, tandis que le signal d’alarme retentissait dans son casque. « Il n’y a vraiment que des gosses pour réussir à déchirer un matériau garanti indéchirable », avait grogné monsieur Kuambeke en secouant la tête. Ronny avait souffert de sévères engelures au niveau de l’accroc, son épiderme était devenu tout noir avant de peler, révélant une nouvelle peau rose et hypersensible.

Elinn s’assit sur l’une des pierres aplaties qu’ils avaient ensemble, au fil des ans, convoyées jusqu’au sommet. La station s’étendait en contrebas : forêt d’antennes, panneaux vitrifiés, grilles de protection, coupoles métalliques crasseuses, esquifs prisonniers de leurs harnais, noircis par les flammes des réacteurs. En aiguisant son regard, on apercevait même la fenêtre de la salle informatique où ils suivaient leurs cours.

Le soleil se rapprochait de l’horizon, éclatant dans le ciel d’un jaune poussiéreux. Le soir, ses rayons se teintaient de nuances orangées qui jetaient sur le paysage de longues ombres flamboyantes. Ainsi illuminées, les bulles pressurisées nichées au pied de la colline donnaient l’impression d’irradier de l’intérieur. Les pommiers y dessinaient leurs frêles silhouettes sombres, les champs de blé se paraient d’un beige soyeux semblable à un doux pelage, les salades paraissaient courber la tête.

Elinn balaya la plaine qui s’étirait à l’infini. Un monde riche de mystères, que l’homme s’apprêtait pourtant à quitter. Son cœur se serra aussi fort que lorsqu’on lui avait annoncé que son père ne reviendrait pas de son expédition. À l’époque, elle n’avait pas tout de suite saisi la portée du drame. Seul le temps lui avait permis de comprendre que jamais plus elle ne le reverrait.

Peut-être en serait-il de même cette fois-ci. Peut-être l’abandon de Mars ne prendrait-il de réalité à ses yeux que lorsque ses compagnons feraient route vers la Terre.

Elle essaya d’imaginer ce qu’ils éprouveraient à bord de la navette qui filerait dans le ciel pour rejoindre le transporteur en orbite autour de la planète. Cari apprécierait, c’était une certitude. Ariana, elle, serait ravie de partir. Ronny, en revanche, était plus difficile à cerner. Il oscillait entre la colère la plus noire et l’exaltation la plus débridée, fanfaronnant sur ses exploits d’astronaute chevronné – exploits qui se limitaient, à la vérité, au trajet effectué avec ses parents quand il avait à peine quatre mois.

Elinn soupira. Si seulement elle avait su elle aussi s’accommoder de tout cela ! Ou si une nouvelle lueur avait pu la guider vers les Martiens eux-mêmes ! Tous tentaient de la convaincre que ces êtres n’existaient pas, qu’ils n’avaient jamais existé, que la vie sur Mars était un mythe. Cari ne cessait de la seriner à ce sujet, et madame Irving, à qui elle avait montré la pierre porteuse des inscriptions, s’y était également mise. À les en croire, ce n’étaient que des contes, des sornettes, des histoires pour enfants.

Dès qu’elle s’asseyait ici, dès qu’elle fermait les paupières, elle sentait cependant au plus profond de son âme que Mars n’avait pas livré tous ses secrets. Comment communiquer une telle intuition ? L’impalpable ne se déballe pas sur une table ni sous la lunette d’un microscope. Aussi n’avait-il aucune valeur aux yeux de ses semblables.

Le soleil rougeoyant sombrait à l’horizon. Les ombres diffuses se firent plus opaques, plus filiformes, jusqu’à suggérer de longs doigts avides prêts à happer l’immensité désertique. Le ciel s’obscurcit. Voûte d’un noir de jais et dépourvue d’étoiles, sur laquelle luisait faiblement Phobos. Les Martiens ne se manifestèrent pas, bien qu’elle leur en eût bien souvent laissé l’occasion.

Peut-être jugeaient-ils prématuré d’intervenir, se dit-elle après quelques instants de pure contemplation.

Les ténèbres s’intensifièrent. Elinn se leva.

Il était temps de rentrer.

Le projet Mars
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